Ceci n'est pas une guitare...

Ceci n'est pas une guitare...

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand je pose les yeux sur une guitare sublime pour la première fois, ça me fait toujours quelques chose.

Ma première fois, c'était il y a environ 18 ans. A l'époque, je vivais près de Langres. Le nom de cette ville ne vous dira probablement rien et hormis le fait quelle jouisse de la réputation d'être une ville très froide en hiver, c'est une ville fortifiée très belle, pleine d'histoire et accessoirement le lieu de naissance de Denis Diderot mais je m'égare...
J'avais quelques frettes à changer et un petit réglage à faire sur ma vieille Charvel. Je me rendais donc chez mon luthier, Xavier Petit pour ceux qui l'ont connu.

Nostalgie

J'adorais son atelier de l'époque. Il était installé dans le sous-sol de ses parents, et je dois dire qu'il régnait dans cet atelier, une atmosphère fabuleuse. Une fois la porte poussée, une merveilleuse odeur de bois emplissait la pièce. Là se mêlait subtilement les relents enivrants du palissandre chauffé, de l'épicéa et de l'acajou fraichement coupé. Le soleil dardait ses rayons à travers les vitres de la porte, baignant la pièce au plafond bas d'une lumière évoquant "le Géographe" de Vermeer.

Puis le maître des lieux apparaissait, le regard vif et joyeux, le front haut à la calvitie naissante, affublé d'un jean et d'un tee-shirt poussiéreux. L'accueil était jovial. Animé de notre passion commune pour la guitare, les discutions s'enchaînaient quand je lui soumis mon désir d'avoir un jour, une guitare acoustique faite de ses mains. Il me fit signe d'attendre un instant puis revint avec un étui noir. Religieusement, il débarrassa la table jonchée de mécaniques, de jeux de cordes, de boites de médiators et me fit signe d'ouvrir l'étui...

Une expérience sensorielle

Je dégrafai les fixations et soulevai doucement le couvercle. Je suis tout d'abord saisi par la merveilleuse odeur de résineux qui émanait de l'étui. Le couvercle dévoila tour à tour la jolie moumoute bordeaux de l'écrin, un filet crème, une table sublime en épicéa de Sitka, une rosace pleine de simplicité, une touche en ébène parfaitement lustrée sertie de frettes étincelantes. Le temps s'arrêta... Fébrilement, je tirai le joyaux de son écrin. Les yeux plein d'étoiles, je découvris le dos du manche délicieusement ondé, souligné de deux filets d'ébène.

Puis mes yeux se posèrent sur la loupe d'érable qui constituait le dos et les éclisses et j’exultai. Je l'examinais sous toutes les coutures, m'émerveillais de chaque détail, faisais jouer la lumière sur son vernis parfaitement poli. Tout à ma contemplation, je m'enivrais de cette merveilleuse odeur qui émanait de la rosace. 
Les mots me manquent pour exprimer les sensations qui me parcoururent en cet instant. Il se passa un long moment avant que je n'envisage d'égrainer quelques notes.

Avec d'infinies précautions , je m'installais sur le banc, saisi de terreur à l'idée de cogner l'instrument contre un quelconque obstacle. Délicatement, je pressais le corps de la belle contre le mien et aux premières notes, je fus emporté par un tourbillon de volupté. Elle se pliait au moindre de mes désirs. Répondant à toutes mes sollicitations, elle se faisait ample, vibrante, suave, douce ou fougueuse. Un frisson délicieux me parcourait l'échine à chaque note, les poils de mes bras se hérissaient de plaisir. J'avais cette sensation de quitter mon corps par le haut et de partir très loin...

Xavier était resté silencieux, me regardant, le sourire en coin. Il savait déjà que pour me retirer cette guitare des mains, il serait obligé d'utiliser un pied de biche ou prendre mon chien en otage. En homme intelligent, il a préféré me donner son prix et ce trésor ne m'a plus jamais quitté.
En 18 ans, j'ai essayé bien d'autres guitares, de grandes marques ou d'illustres inconnues, avec plus ou moins de plaisir, et ce, dans les deux catégories. J'ai souvent remarqué que les meilleures avaient été faites à la main. Elles avaient ce supplément d'âme que les autres n'avaient pas, un "je ne sais quoi" qui les rendaient incomparables.

Des émotions renouvelées

Le jour où j'ai découvert l'instrument présenté en photo, j'ai retrouvé les sensations merveilleuses de mes premiers émois, la beauté de ses bois, le design superbe, ces échancrures belles et confortables, ce son ample et vibrant, ce plaisir pour les sens, ce supplément d'âme... Quand ce vous dis que cette guitare n'en est pas une, c'est vrai!!! Elle est bien plus que ça, c'est une expérience sensorielle et c'est ce que nous voulons partager avec vous. Vous offrir des sensations merveilleuses, du plaisir à l'état pur et du sublime !

 


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