CONCEVOIR UNE GUITARE ÉLECTRIQUE
Concevoir son propre instrument, voilà une merveilleuse idée qui de tout temps a traversé l'esprit d'un très grand nombre de musicien, et je ne saurais les en blâmer car cette idée à également fait son chemin dans mon esprit, et ce il y a fort longtemps.
Pourquoi concevoir sa propre guitare?
Que ce soit le désir d'avoir un instrument unique, un instrument ajusté spécialement à sa main ou un instrument possédant des caractéristiques que l'on trouve sur différents modèles et que l'on aimerait voir réunis en un seul instrument...
Quelles que soient les motivations, nous nous retrouvons face à une problématique qui est :
« Comment concrétiser ma vision de l'instrument parfait? »
Face à cette problématique, l'alternative la plus sécurisante, dans l'absolu, est de faire appel aux services d'un luthier.
Je parle bien de notion d'absolu car la conception de votre instrument passera par les filtres du professionnel. Il en résultera de sensibles différences entre votre vision de l'instrument parfait et l'instrument final car différents paramètres entrent en compte.
Quels options pour créer sa propre guitare?
Le premier de ces paramètres est l'interprétation que le luthier fera de l'expression de vos attentes. A ce stade, il sera très important d'être précis dans la formulation de vos désirs et par conséquent de savoir de quoi vous parlez.
Le second paramètre est intimement lié à la faisabilité technique et à la cohérence de votre projet, très souvent polluées par des croyances erronées que les fora et autres magasines spécialisés distillent à l'envie.
Le dernier paramètres est lié à la vision du résultat, la créativité, le style, l'expérience et probablement dans une moindre mesure à l’ego du luthier qui marquera votre projet de son empreinte indélébile.
La seconde alternative consiste en une sélection de pièces de lutherie (corps et manche) et de pièces détachées de qualité que l'on va monter et finir soit même ou sous-traiter chez un luthier. Cette solution peut être choisie lorsque l'on désire une version personnalisée d'un instrument de grande série. On peut bien sûr se procurer des éléments déjà finis et n'avoir que le montage et le réglage à effectuer.
La dernière alternative consiste à fabriquer vous même votre propre instrument. Cela peut sembler un peu téméraire à beaucoup d'entre vous qui ne s'en sentent pas capable ou qui n'ont pas la moindre idée de la démarche à suivre. Pourtant cette solution n'a rien de farfelue.
Fabriquer une guitare, et pourquoi pas?
Concevoir et construire son propre instrument n'a rien d'insurmontable pour peu que l'on soit un peu bricoleur, que l'on dispose d'un minimum d'outillage et d'une bonne méthodologie.
L’essor actuel de la vente de guitares en kit tend à prouver que bon nombre de musiciens sont attirés par la fabrication de leur propre instrument et considèrent que ce genre de kit constitue un bon entrainement à moindre coût.
A vrai dire, ces kits constituent, en effet, un bon entrainement, mais uniquement pour les phases de finition et de réglage. Je vous avouerai, en ce qui me concerne, que ce ne sont pas les étapes les plus intéressantes de la fabrication.
Je me propose de vous révéler dans ces lignes, les différentes étapes de la conception d'une guitare électrique. Vous y trouverez toutes les clefs pour concrétiser et mener à bien votre projet.
Une guitare commence toujours par un plan !
Que l'on utilise un logiciel de conception assistée par ordinateur (CAO) ou que l'on dessine à l'ancienne sur du papier (format A0), produire un plan est une étape indispensable pour fixer les différents paramètres de la guitare. Pour ce faire, nous allons devoir déterminer quel accastillage sera monté sur l'instrument en fonction du genre de guitare que vous voulez fabriquer (Superstrat, LP, etc...) car l'utilisation de certaines pièces peut bouleverser profondément l'anatomie de votre guitare.
L'accastillage
1 - Le Tune-O-Matic ou TOM
En apparence, le Tune-O-Matic ou TOM semble être un chevalet assez simple à installer. Nous n'avons que deux trous à percer, des inserts à rentrer en force dans la table et le tour est joué. Bien sûr, nous allons devoir lui adjoindre un système de retenue des cordes soit par l'adjonction d'un « Stop bar » avec ou sans réglage fin, un cordier Jazz ou même des ferrules si l'on opte pour des cordes traversantes. Le Tune-O-Matic, chevalet de prédilection de la marque Gibson, se prête particulièrement bien aux tables galbées car il ne nécessite pas de surface plane pour être installé.
Or, comme je le disais, la simplicité du système n'est qu'une apparence car la hauteur particulièrement élevée du TOM sur la table va nécessiter une adaptation de la conception pour avoir une action correcte.
Pour ce faire, nous avons deux solutions :
Nous avons la possibilité d'appliquer un renversement sur le manche. J'y reviendrais dans un prochain chapitre mais pour faire simple, au lieu d'avoir la touche parallèle au corps de la guitare, nous allons donner un angle au manche de manière à rapprocher les cordes de la touche. Pour déterminer cet angle précisément, il faudra faire un plan de profil de la guitare.
La deuxième solution est d'incruster le Tune-O-Matic en pratiquant une défonce dans la table. C'est un choix technique intéressant car il permet de se passer de renversement. Un renversement de manche reste une opération délicate pas nécessairement compliquée mais qui demande de la précision. L'incrustation peut être très joli si c'est bien fait.
2 - Le Wraparound
Assez similaire au Tune-O-Matic, l'installation du Wraparound ne nécessite que deux trous dans la table à la différence de ce dernier car il n'a pas besoin de cordier. Cette fonction est incluse au système. Ce type de chevalet nécessite un renversement car il est beaucoup plus compliqué qu'un TOM à incruster dans la table.